En 2018, Julien-Pierre Houle avait un objectif simple : comprendre ce qu’était réellement l’informatique quantique et comment elle pouvait être utile dans la vie réelle. Il a décidé de simuler l’algorithme de Grover, un algorithme quantique qui pourrait un jour accélérer les recherches dans les bases de données. Cela semblait être un défi intéressant pour un projet de l’ESPC.

Cette curiosité précoce a déterminé l’orientation de tout son parcours universitaire. En décembre 2024, Julien-Pierre s’est retrouvé au Stockholm International Youth Science Symposium (SIYSS), vêtu d’un costume formel, assistant aux cérémonies et au banquet du prix Nobel aux côtés des lauréates et lauréats, de la famille royale suédoise et d’anciennes lauréates et lauréats du prix Nobel.

« Honnêtement, j’avais l’impression d’être dans un film », se souvient-il. « Avant la cérémonie, j’ai eu la chance de discuter avec des personnes fascinantes, des membres du gouvernement aux anciennes lauréates et lauréats du prix Nobel. J’avais vraiment l’impression de vivre un rêve. »

La Fondation : l’Expo-sciences et la recherche d’une communauté

Ce qui ressort le plus de l’expérience de Julien-Pierre à l’ESPC, ce n’est pas seulement la science, mais aussi les gens. Rencontrer des élèves d’horizons différents, avec des passions scientifiques totalement différentes, lui a ouvert les yeux de manière inattendue.

« C’était l’une des premières fois que je fréquentais des gens de mon âge qui n’étaient pas du Québec, ce qui m’a ouvert les yeux », explique-t-il. « L’énergie et la curiosité de chacun m’ont vraiment poussé à poursuivre mes projets. Et honnêtement, je suis toujours très ami avec plusieurs personnes que j’ai rencontrées à la CWSF. »

Ces liens se sont avérés fondamentaux. Les compétences qu’il a développées lors des expos régionales et de la CWSF, en présentant des idées complexes à un large public, en réfléchissant de manière critique, en sollicitant les commentaires de mentors, l’ont façonné d’une manière qu’il n’appréciait pas pleinement à l’époque. Elles ont nourri sa passion pour les STIM tout en renforçant la confiance dont il aurait besoin sur la scène internationale.

« Ces bases m’ont permis de me sentir confiant et prêt lorsque je suis monté sur la scène internationale à la SIYSS », se souvient-il.

Une semaine parmi les lauréats du prix Nobel

La semaine Nobel à Stockholm s’est avérée à la fois inspirante et transformatrice. Julien-Pierre a assisté à des conférences sur les prix Nobel de médecine, de physique et de chimie, où il a pu entendre les lauréats parler non seulement de leurs découvertes révolutionnaires, mais aussi de leurs histoires personnelles et des motivations derrière leur travail.

Ce sont les conférences qui l’ont le plus marqué. « Entendre ces scientifiques de renommée mondiale parler de leurs difficultés, de leurs échecs et de leurs doutes m’a fait comprendre que même au plus haut niveau, le parcours scientifique n’est jamais linéaire », explique-t-il. « Leur persévérance, leur curiosité et leur passion m’ont davantage marqué que leurs découvertes elles-mêmes. Cela m’a conforté dans l’idée que les avancées majeures sont le fruit de la persévérance et de la poursuite de la recherche, même lorsque le chemin n’est pas facile ou évident. »

Mais le moment le plus surréaliste s’est produit lors du banquet Nobel. Après la cérémonie du prix, deux élèves du SIYSS ont eu la chance d’assister au banquet en compagnie des lauréates et des lauréats du prix Nobel, de la famille royale et d’autres personnalités influentes. Vers la fin de la soirée, les lauréates et les lauréats du prix Nobel ont chacun prononcé un bref discours.

Geoffrey Hinton, lauréat du prix de physique, a particulièrement marqué les esprits. « Il a parlé des risques de l’IA, non seulement pour la science, mais aussi pour la société dans son ensemble », se souvient Julien-Pierre. « C’était très impressionnant d’entendre quelqu’un de ce niveau et de cette expertise aborder ces préoccupations. Cela nous a vraiment rappelé à quel point il sera important à l’avenir de mener des recherches scientifiques de manière responsable. »

Le cadeau inattendu des relations entre pairs

Rencontrer des lauréats du prix Nobel était évidemment extraordinaire, mais Julien-Pierre s’est rendu compte que les interactions entre pairs s’avéraient tout aussi significatives que les cérémonies elles-mêmes.

« Je m’attendais à ce que les cérémonies et les conférences soient mémorables, ce qu’elles ont été, mais je n’avais pas anticipé à quel point les interactions entre pairs seraient significatives », admet-il. « Tout au long de la semaine, j’ai eu des conversations avec des élèves travaillant dans des domaines aussi variés que l’IA, la microbiologie et les mathématiques. Le fait d’entendre leurs points de vue, leurs défis et leurs ambitions a élargi ma vision de ce que peut être l’impact scientifique. »

Un projet qui a retenu son attention était celui de Davide Farassino, de Suisse, qui a utilisé l’IA pour modéliser des systèmes physiques chaotiques comme le double pendule. « C’était un mélange très intéressant entre l’apprentissage automatique et la physique, deux choses que j’adore, et cela m’a vraiment marqué. »

Par rapport à l’ESPC, la SIYSS lui a ouvert les yeux sur la dimension mondiale des STIM. « On y rencontre de brillants jeunes scientifiques du monde entier, on y apprend comment les systèmes de recherche et d’éducation diffèrent et on y entend des points de vue façonnés par des cultures totalement différentes », explique-t-il. « Cela a élargi mes horizons d’une manière que j’apprécierai toujours. »

Présenter la physique quantique au monde

À la SIYSS, Julien-Pierre a présenté ses recherches de deux manières : à travers des sessions d’affiches similaires à celles de l’#ESPC, avec des conversations avec les élèves et le public, et à travers une présentation de sept minutes devant un large public.

Mis à part le passage du français à l’anglais, son style de présentation n’a pas beaucoup changé. « Le plus important était de m’assurer que j’expliquais la physique quantique d’une manière compréhensible pour tout le monde, ce qui est toujours un défi amusant ! »

Discuter avec des personnes issues de divers horizons scientifiques a mis en évidence l’importance de communiquer des idées complexes de manière claire et accessible. « C’était gratifiant de voir d’autres personnes s’intéresser à mon travail, et cela m’a rappelé que la capacité à expliquer simplement la recherche est une compétence essentielle en science. »

Des compétences qui comptent au-delà du laboratoire

L’une des compétences les plus précieuses que Julien-Pierre a développées au cours de son parcours scientifique n’avait rien à voir avec les équations ou les algorithmes, mais consistait simplement à se sentir à l’aise pour parler aux gens.

« Cela a été très important pendant la semaine du prix Nobel », note-t-il. « Que ce soit pour discuter avec d’autres élèves du SIYSS ou pour converser avec des chercheurs et des dirigeants à Stockholm, le fait de pouvoir communiquer et établir des liens avec les gens m’a beaucoup aidé. La science est très souvent collaborative, donc être capable de le faire fait une grande différence. »

Entre les événements officiels, le groupe a exploré Stockholm, visité des musées, profité des marchés de Noël et assisté au Dialogue Nobel sur l’avenir de la santé. Même les scientifiques ont besoin de faire une pause de temps en temps !

Conseils aux futurs scientifiques

Pour les élèves qui hésitent à se lancer dans un projet STIM, le message de Julien-Pierre est clair : foncez !

« Bien sûr, cela peut sembler intimidant au début, mais un projet STIM consiste à se plonger dans un domaine qui vous intéresse, à construire quelque chose à partir de zéro, à s’entraîner à présenter vos idées, à sortir de votre zone de confort et à rencontrer des gens formidables en cours de route. »

Il encourage les élèves à travailler sur tout ce qui les intéresse vraiment. « En science, il y aura toujours des échecs et les expériences ne fonctionnent pas toujours. Mais lorsque vous êtes passionné par ce que vous faites, vous trouvez la motivation pour continuer. »

Son dernier conseil ? « N’ayez pas peur de demander de l’aide. Contactez des mentors, des enseignants, toute personne susceptible de vous guider. Poser des questions a été très important pour moi. Le soutien que j’ai reçu de mon entourage a fait une énorme différence dans mon parcours de jeune scientifique. »

Pourquoi ces expériences sont-elles importantes ?

Julien-Pierre, qui poursuit actuellement des études supérieures en informatique quantique, comprend clairement pourquoi des événements internationaux comme le SIYSS sont si importants.

« Soutenir les jeunes scientifiques, c’est investir dans l’avenir, affirme-t-il. Ces expériences aident à développer des compétences essentielles, à susciter de grandes idées et à renforcer la prochaine génération d’innovatrices et innovateurs canadiens. Elles contribuent également à développer la collaboration internationale. »

Le Canada dispose d’une solide communauté scientifique, et des opportunités telles que le SIYSS permettent à cette communauté de rester connectée aux débats mondiaux sur le rôle de la science dans la société.

D’un projet scolaire simulant des algorithmes quantiques à sa présence parmi les lauréats du prix Nobel à Stockholm, le parcours de Julien-Pierre illustre comment une curiosité précoce, soutenue par des programmes tels que Sciences jeunesse Canada, peut ouvrir la voie à des expériences extraordinaires. Son histoire nous rappelle que le parcours scientifique n’est jamais vraiment linéaire, mais qu’avec de la persévérance, de la passion et le courage de continuer à poser des questions, il peut mener à des endroits que vous n’auriez jamais imaginés possibles.